Editorial du « Monde ». Que ne ferait-on pas pour tenter de devenir le roi de la jungle du divertissement ? Amazon a signé, mercredi 26 mai, un chèque de 8,45 milliards de dollars (6,92 milliards d’euros) pour capturer le célèbre lion rugissant de la Metro Goldwyn Mayer (MGM). Cette opération constitue une nouvelle étape du mouvement de concentration dans le secteur de la production cinématographique, sous la pression de la montée en puissance des sites de streaming, c’est-à-dire de diffusion de contenus en continu sur Internet. Les principales plates-formes, comme Netflix, Hulu (Disney), Apple ou Amazon, cherchent à étoffer leurs catalogues à marche forcée pour attirer de plus en plus d’abonnés.
MGM était valorisé autour de 5,5 milliards de dollars lorsque le câblo-opérateur Comcast et Apple étaient présentés, il y a quelques mois, comme des acheteurs potentiels de ces studios mythiques presque centenaires. En payant une prime de 40 %, Amazon n’a pas lésiné pour assouvir ses nouvelles ambitions dans le divertissement, qui lui sert en partie de produit d’appel pour doper son chiffre d’affaires dans le commerce électronique. Son site de streaming est en effet accessible aux abonnés de son service Prime, qui permet de bénéficier de la livraison gratuite des produits achetés sur le site d’Amazon. Le groupe de Jeff Bezos a tout intérêt à les choyer : ces adhérents dépensent deux fois plus que les clients classiques.
Gagner de précieuses années
Avec une capitalisation boursière qui dépasse les 1 600 milliards de dollars et une trésorerie de plus de 70 milliards, le géant de l’e-commerce et des services informatiques dématérialisés a les poches suffisamment profondes pour surpayer son acquisition dans le cinéma, où il reste derrière Netflix malgré ses 200 millions d’abonnés. L’opération lui permet avant tout d’acheter du temps. Même si le catalogue de la MGM, avec ses 4 000 films, est vieillissant, malgré quelques produits-phares comme la saga « James Bond », le savoir-faire de ses studios de production va permettre à Amazon de gagner de précieuses années pour combler son retard.
L’enjeu pour le géant de Seattle consiste à ne pas se laisser distancer. Disney a récemment racheté la Twentieth Century Fox. Dans le même temps, les occasions sur le marché de la production se font rares. Les studios traditionnels sont de moins en moins enclins à céder des licences sur leurs catalogues, qu’ils préfèrent réserver aux entreprises auxquelles ils appartiennent. Warner Bros. travaille avec HBO, Walt Disney Studios avec Disney + et Paramount Pictures avec Paramount +.
Dans cette course aux abonnés, les sites de streaming sont obligés d’investir plusieurs milliards de dollars chaque année dans de nouvelles productions. Netflix vient de dépenser 450 millions de dollars pour deux nouveaux opus du film de Rian Johnson, A couteaux tirés, avec Daniel Craig. Amazon compte répondre avec la première saison d’une série sur Le Seigneur des anneaux, pour 465 millions.
Cette surenchère pose la question de la production indépendante, qui risque d’avoir de plus en plus de difficultés à trouver sa place, faute de pouvoir attirer suffisamment d’abonnés. Mais elle interroge aussi sur l’évolution du comportement des spectateurs, qui ont adopté en masse le streaming pendant la pandémie. Certes, sevrés de cinéma pendant plusieurs mois, ils se sont rués dans les salles lors du déconfinement. S’agit-il d’un engouement éphémère, ou bien le streaming va-t-il continuer à progresser ? En investissant autant d’argent dans MGM, Amazon fait le pari que la seconde option finira par l’emporter.
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